Mondialisation �conomique, l'Organisation mondiale du commerce et la soci�t� moderne, par Neytcho ILTCHEV
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 1. La d�r�glementation financi�re des ann�es 70 a ouvert les
    fronti�res �tatiques � la circulation des capitaux. Ce changement fut accompagn� d'une
    nouvelle forme d'organisation de la production qui a eu pour effet de favoriser le
    mouvement des travailleurs, des usines, et des biens au-del� des m�mes fronti�res qui
    jadis les contraignaient. Suite � la crise �conomique de 1974, un changement structurel
    s'est amorc� dans l'�conomie globale, principalement dans les secteurs les plus avanc�s
    au niveau technologique. La production a �t� adapt�e en fonction des nouveaux march�s
    plus sp�cialis�s. Cette transformation a contribu� � l'�tablissement d'arrangements
    organisationnels qui ont commenc� � supplanter les grandes usines productrices de biens
    standardis�s. Par cons�quent, les produits des grandes usines, fabriqu�s par un nombre
    �lev� de travailleurs semi-qualifi�s, ont perdu leur comp�titivit� face aux petites
    unit�s, dont la production pouvait �tre modifi�e en fonction de la demande. Le secteur
    priv� a ainsi commenc� � se pr�occuper davantage de la restructuration des capitaux,
    de fa�on � �tre plus efficace sur les march�s mondiaux. De plus,
    l'internationalisation croissante des capitaux a cr�� des liens entre les producteurs et
    les usines de diff�rentes juridictions territoriales, dans le but de pourvoir aux
    march�s de plusieurs pays, contribuant ainsi au processus d'internationalisation de la
    production. Les capitaux, la production, la main-d'oeuvre et les march�s font partie de
    cet important processus de mondialisation, au point que les investisseurs, les
    entrepreneurs, les travailleurs et les consommateurs sont maintenant profond�ment ancr�s
    dans des r�seaux de l'�conomie mondiale et, de ce fait, contribuent � restreindre la
    port�e nationale des juridictions politiques traditionnelles. Ce changement structurel ne
    se limite toutefois pas aux grandes multinationales du secteur priv�. Les petites et
    moyennes entreprises (PME), les soci�t� d'�tat et les firmes bas�es dans les PED sont
    �galement motiv�es � s'int�grer � l'�conomie mondiale. Ces entreprises aussi doivent
    chercher � augmenter leurs profits afin d'amortir le co�t des investissements, d'o� la
    qu�te de march�s additionnels � l'�tranger. "Ainsi, ce n'est pas le ph�nom�ne
    des entreprises multinationales qui est nouveau, mais plut�t la proportion changeante du
    nombre d'entreprises qui visent le march� global, et dont une partie de la production est
    � l'�tranger, par rapport � celles qui visent seulement le march� local ou
    national."  2. L'internationalisation de la production n'est pas l'unique source de
    motivation derri�re l'utilisation de nouvelles technologies dans les domaines des
    communications et du transport - qui sont tr�s accessibles et qui facilitent la
    propagation au-del� des fronti�res nationales - elle constitue n�anmoins un puissant
    stimulus au processus de la mondialisation. Les changements dans la structure �conomique
    se sont effectivement r�pandus bien au-del� des secteurs des finances et de la
    production. Ces transformations sont en fait au centre des d�veloppements r�cents dans
    la politique mondiale, o� un grand nombre d'Etats ont modifi� leur politique �trang�re
    et se sont tourn�s vers les institutions d�mocratiques et le capitalisme. La description
    des nouvelles r�alit�s des relations internationales, r�alit� qui va au-del� des
    arrangements nationaux qui ont longtemps constitu� les fondements de la vie
    internationale, utilise plusieurs �tiquettes. Soci�t� mondiale, interd�pendance,
    tendances centralisatrices, syst�me mondial, mondialisation, internationalisation,
    universalisation - ces termes qualifient tous la m�me dimension de la condition humaine
    actuelle, dimension qu'un observateur a d�crit comme "le rapprochement du monde dans
    le monde". Nous vivons ainsi � une �poque o� la territorialit� - cet attachement
    profond � la terre qui domine les �motions et la raison - a perdu un peu de son attrait
    et de son pouvoir l�gal. Ce sont maintenant les r�sultats et les fonctions qui
    retiennent l'attention, sans �gard � leur localisation spatiale. La mondialisation
    r�f�re � la nouvelle r�alit� qui est en train d'amener l'humanit� au-del� des
    pr�occupations territoriales et des arrangements traditionnels du syst�me
    inter-�tatique. La notion de mondialisation utilis�e dans ce m�moire a une port�e et
    un contenu qui ne se r�f�rent ni aux valeurs ni aux structures, mais � des processus,
    � des encha�nements qui se d�roulent dans l'esprit ou dans les comportements, � des
    interactions et des enchev�trements qui se produisent alors que les gens et les
    organisations vaquent � leurs t�ches quotidiennes et tentent d'atteindre les objectifs
    qu'ils se sont fix�s. Les processus de la mondialisation se distinguent par le fait
    qu'ils ne sont pas entrav�s ou contrecarr�s par des barri�res territoriales ou
    juridiques. Ces processus traversent ais�ment les fronti�res nationales et peuvent
    atteindre n'importe quelle communaut�, n'importe o� dans le monde. Ces processus de
    propagation � l'�chelle globale doivent cependant �tre con�us en termes de capacit�
    ou de potentialit�. En fait, "aucune entreprise n'a encore r�ussi une p�n�tration
    compl�te des march�s mondiaux", et peu d'acteurs de la mondialisation englobent la
    plan�te tout enti�re. Des �v�nements tels que l'ach�vement de l'Union �conomique et
    mon�taire en Europe et la monnaie unique - l'EURO, le clonage g�n�tique, la crise
    financi�re en Asie du sud-est � la fin de 1997, l'unification de l'Allemagne, les
    comp�titions olympiques, la r�duction de la couche d'ozone, ou encore la d�couverte
    d'une nouvelle forme de vie dans l'univers, peuvent avoir un impact mondial. Mais une
    telle port�e n'est pas un pr�-requis aux dynamiques de la mondialisation. Tout
    encha�nement d'interactions qui a le potentiel d'un propagation illimit�e et celui de
    transgresser facilement les juridictions nationales, sera consid�r� comme un processus
    de mondialisation.  3. Cette mondialisation est une source de progr�s et doit �tre encourag�e. Mais en m�me temps des dangers subsistent ou apparaissent, parce que l'�conomie mondialis�e peut �tre impitoyable pour ceux qui ne sont pas capables de tirer profit des occasions qu'elle offre. Les liens traditionnels de solidarit� au sein de la communaut� peuvent s'en trouver distendus et des pays ou m�me des r�gions enti�res du monde, comme c'est le cas de l'Afrique pendant les ann�es 1980 et 1990, peuvent �tre marginalis�s. Le processus de la mondialisation �conomique peut aggraver le foss� entre les riches et les pauvres. Il faut bien voir que la mondialisation de la soci�t� impose aux institutions internationales, aux Etats, et aux peuples d'avoir les id�es larges et de ne pas s'en tenir � une conception stricte et rigide des relations internationales comme des relations entre les Etats. Il faut prendre en consid�ration la situation r�elle de tous les agents �conomiques et sociaux. Les entreprises, grandes et petites, nationales et transnationales, les investisseurs priv�s, les organisations non gouvernementales, les universit�s, et les centres de recherches ont tous un r�le � jouer dans les efforts visant � maximiser les effets positifs de la mondialisation et de la lib�ralisation en vue d'un d�veloppement durable, r�le qui est celui que l'on attendait traditionnellement de l'Etat. La participation de divers acteurs non gouvernementaux, regroup�e sous la notion de "soci�t� civile", s'av�re de plus en plus n�cessaire et indispensable pour relever de mani�re appropri�e les d�fis impos�s par la mondialisation de la soci�t� et la lib�ralisation des flux commerciaux, financiers, technologiques, etc. 
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